Cette étude édifiante montre à quel point notre monde s’est uni pour sauver l’environnement

Le traité historique de 1987 visant à lutter contre le trou dans la couche d’ozone n’était pas seulement une réussite internationale, c’était aussi une victoire environnementale éclatante qui, trente ans plus tard, continue de sauver la planète de manière inattendue.

Le protocole de Montréal a réussi à interdire les substances chimiques nocives qui appauvrissent la couche d’ozone dans l’atmosphère, mais de nouvelles recherches montrent que cette interdiction a eu un effet secondaire étonnant et imprévu : la réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis.

Une nouvelle analyse menée par le Cooperative Institute for Research in Environmental Sciences (CIRES) est la première étude utilisant des observations atmosphériques pour quantifier l’impact du protocole de Montréal sur les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis.

Les résultats montrent que l’interdiction de l’utilisation de substances appauvrissant la couche d’ozone telles que les chlorofluorocarbones (CFC) et les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) a eu des ramifications qui vont bien au-delà de l’objectif visé, à savoir rétablir les niveaux d’ozone dans l’atmosphère et boucher le trou dans la couche d’ozone.

Entre 2008 et 2014, l’interdiction de ces produits chimiques nocifs pour l’environnement a en fait permis d’éliminer l’équivalent de 170 millions de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) chaque année.

NOAA/CIRES

“Nous avons été surpris par l’ampleur de la baisse, notamment par rapport aux autres gaz à effet de serre, explique le chercheur principal Lei Hu.

Il s’agit d’un résultat stupéfiant – équivalent à environ la moitié des réductions réalisées aux États-Unis pour le CO2 et d’autres gaz à effet de serre au cours de la même période – et qui n’avait jamais été prévu par les rédacteurs du protocole de Montréal dans les années 1980, avant que la véritable ampleur du réchauffement climatique actuel ne soit connue du monde scientifique.

Des recherches antérieures avaient déjà démontré cet effet secondaire bénéfique de l’interdiction des substances chimiques appauvrissant la couche d’ozone dans un contexte international, mais la nouvelle étude est la première à examiner comment les changements thermiques se produisent dans l’atmosphère de l’Amérique du Nord.

Les chercheurs prévoient qu’en réduisant le volume des CFC et des HCFC dans l’air – des gaz puissants qui peuvent piéger la chaleur jusqu’à 10 000 fois plus que le CO2, en plus de nuire à l’ozone – le protocole de Montréal produira des avantages atmosphériques encore plus importants à l’avenir.

Plus précisément, d’ici 2025, l’équipe estime que le protocole de Montréal réduira effectivement les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de l’équivalent de 500 millions de tonnes de CO2 par an par rapport aux niveaux de 2005.

Ce n’est pas mal du tout pour un traité qui ne fait que son travail de jour, puisque cela équivaut à environ 25 à 30 % de l’objectif que les États-Unis s’étaient initialement engagés à atteindre lors de l’accord de Paris sur le climat, la COP 21.

“La plupart de ces réductions viendront s’ajouter à celles obtenues lors de la COP21, car les substances appauvrissant la couche d’ozone ne sont pas incluses dans les objectifs de la COP21”, explique M. Hu.

Bien sûr, le protocole de Montréal n ‘a pas tout résolu en ce qui concerne la couche d’ozone. Un autre effet secondaire involontaire du traité – et cette fois, pas un effet positif – a été l’introduction des hydrofluorocarbures (HFC).

Ce produit chimique de substitution a été mis au point pour remplacer les CFC et les HCFC dans des appareils tels que les réfrigérateurs et les climatiseurs, où il est utilisé comme liquide de refroidissement, mais si les HFC ne nuisent pas à la couche d’ozone, ils n’en restent pas moins extrêmement efficaces pour retenir la chaleur.

Heureusement, une modification apportée au protocole de Montréal l’année dernière permettra d’éliminer progressivement ces dangereux substituts, une mesure que le secrétaire d’État américain de l’époque, John Kerry, a saluée comme “probablement la mesure la plus importante que nous puissions prendre en ce moment pour limiter le réchauffement de notre planète et celui des générations à venir”.

Nous ne savons pas encore avec certitude quel sera l’impact de cet amendement, mais s’il ressemble à son parent protocolaire, nous espérons de grandes choses.

Nous avons peut-être encore beaucoup de chemin à parcourir pour régler définitivement les problèmes d’ozone sur Terre, mais il est indéniable que le protocole de Montréal a été une excellente chose pour la planète (hormis les HFC).

Il a aidé l’ozone, il a entravé le changement climatique.

Et il illustre parfaitement la façon dont, il y a 30 ans, le monde s’est uni pour éviter une énorme catastrophe environnementale – une histoire inestimable et inspirante que nous ne devons jamais oublier.

Les résultats sont publiés dans Geophysical Research Letters.