La mission Juno, d’un coût de 1,1 milliard de dollars, a franchi une étape importante lundi soir en entrant avec succès dans l’ orbite de Jupiter enfévrier 2018, lorsque son travail sera terminé
Les engins spatiaux n’ont pas vraiment droit à une retraite heureuse. Bien sûr, il y a quelques navettes spatiales qui reposent sur leurs lauriers dans des musées, mais c’est parce qu’elles ont ramené des gens à la maison.
Certaines sondes non habitées reviennent sur Terre si leur mission consiste à rapporter un échantillon, comme Hayabusa, un vaisseau spatial japonais qui a visité un astéroïde.
Juno ne bénéficiera pas de ce genre de traitement. En fait, son destin est bien plus sombre. Après son dernier voyage autour de Jupiter, elle entrera dans ce que la NASA appelle par euphémisme sa “phase de désorbitation”.
C’est une façon délicate de dire que Juno passera les cinq derniers jours et demi de son existence à se jeter sur Jupiter. L’atmosphère de la planète est si dure que le vaisseau spatial va brûler.
La NASA étant la NASA, elle a déjà produit une animation de ce à quoi ressemblera la mort ardente de Juno :
C’est le même sort qui a été réservé à Galileo, le prédécesseur de Juno dans le voyage vers Jupiter, en 2003.
Mais pourquoi lancer un satellite d’un coût de 1,1 milliard de dollars dans une boule de gaz brûlante d’une taille extraordinaire ? Pour les extraterrestres (potentiels), voilà pourquoi !
Les scientifiques pensent actuellement que l’une de nos meilleures chances de trouver des organismes vivants au-delà de la Terre se trouve sur Europe, l’une des lunes de Jupiter qui pourrait cacher un océan sous sa surface gelée.
La NASA s’efforce actuellement de trouver un moyen d’envoyer un atterrisseur sur Europe afin de déterminer s’il est possible d’y trouver de la vie. Deux autres lunes joviennes, Ganymède et Callisto, figurent également sur la liste des prétendants.
La NASA et son Office of Planetary Protection ont des règles très strictes concernant la contamination de l’espace, en particulier lorsqu’il s’agit d’endroits où l’on pense vouloir chercher de la vie. En toute logique, elle ne veut pas dépenser un milliard de dollars pour le prochain vaisseau spatial, juste pour trouver un organisme que nous aurions placé là. (Oups.)
Lancer Juno dans Jupiter protège les lunes de Jupiter de toute contamination puisque le voyage à travers l’atmosphère et les radiations de Jupiter détruira toute bactérie qui aurait pu se glisser sur Juno avant son lancement.
Les protocoles de protection planétaire expliquent également pourquoi les vaisseaux spatiaux sont assemblés dans des salles blanches par des personnes portant des équipements de protection. Et à mesure que nous en apprenons davantage sur les mondes qui nous entourent, ces règles changent.
Le plongeon mortel de Galileo était en fait un changement de plan, provoqué par les premiers indices de la NASA selon lesquels les lunes de Jupiter pourraient être propices à la vie.
Cette mort spectaculaire permet également à Juno de ne pas s’ajouter à notre énorme problème de déchets spatiaux.