Malgré les similitudes entre notre monde et Vénus, nous ignorons encore beaucoup de choses sur la “planète sœur” de la Terre et sur sa genèse.
Grâce à son atmosphère super dense et brumeuse, il reste des questions non résolues sur l’histoire géologique de la planète. Par exemple, bien que la surface de Vénus soit dominée par des caractéristiques volcaniques, les scientifiques ne savent toujours pas si la planète est encore active sur le plan volcanique aujourd’hui.
Bien que l’on sache que la planète a été volcaniquement active il y a 2,5 millions d’années, aucune preuve concrète n’a été trouvée qu’il y a encore des éruptions volcaniques à la surface de Vénus.
Cependant, de nouvelles recherches menées par l’Institut lunaire et planétaire (LPI ) de l’USRA ont montré que Vénus pourrait encore avoir des volcans actifs, ce qui en fait la seule autre planète du système solaire (autre que la Terre) qui est encore volcaniquement active aujourd’hui.
La figure ci-dessus montre le pic volcanique Idunn Mons dans la région d’Imdr Regio de Vénus. La superposition colorée montre les motifs thermiques dérivés des données de luminosité de la surface recueillies par le spectromètre d’imagerie thermique visible et infrarouge, à bord de la sonde Venus Express de l’ESA.
Cette recherche, qui a été publiée récemment dans la revue Science Advances, a été menée par Justin Filiberto, un scientifique du LPI.
Il a été rejoint par un autre chercheur du LPI, Allan H. Treiman, Martha Gilmore du département des sciences de la terre et de l’environnement de l’université Wesleyan, et David Trang de l’Institut de géophysique et de planétologie d’Hawaï.
La découverte que Vénus a connu autrefois une grande activité volcanique a été faite dans les années 1990 grâce au vaisseau spatial Magellan de la NASA. Les images radar qu’elle a fournies de la surface de Vénus ont révélé un monde dominé par les volcans et les coulées de lave.
Dans les années 2000, l’ESA a poursuivi dans cette voie avec son orbiteur Venus Express, qui a apporté un nouvel éclairage sur l’activité volcanique en mesurant la lumière infrarouge provenant de la surface de la planète pendant la nuit.
Ces données ont permis aux scientifiques d’examiner de plus près les coulées de lave à la surface de Vénus et de faire la différence entre celles qui étaient fraîches et celles qui étaient altérées.
Malheureusement, l’âge des éruptions de lave et des volcans sur Vénus n’était pas connu jusqu’à récemment, car le taux d’altération de la lave fraîche n’était pas bien limité.
Pour les besoins de leur étude, Filiberto et ses collègues ont simulé l’atmosphère de Vénus dans leur laboratoire afin d’étudier comment les coulées de lave de Vénus évolueraient au fil du temps.
Ces simulations ont montré que l’olivine (abondante dans les roches basaltiques) réagit rapidement avec une atmosphère comme celle de Vénus et se recouvre de magnétite et d’hématite (deux minéraux d’oxyde de fer) en quelques jours.
Ils ont également constaté que la signature dans le proche infrarouge émise par ces minéraux (qui correspond aux données obtenues par la mission Venus Express) disparaîtrait en quelques jours.
L’équipe en a conclu que les coulées de lave observées sur Vénus étaient très jeunes, ce qui indiquerait que Vénus possède encore des volcans actifs à sa surface.
Ces résultats plaident certainement en faveur de l’activité volcanique de Vénus, mais ils pourraient également avoir des répercussions sur notre compréhension de la dynamique intérieure des planètes terrestres (comme la Terre et Mars) en général. Comme l’explique Filiberto :
“Si Vénus est effectivement active aujourd’hui, ce serait un endroit idéal à visiter pour mieux comprendre l’intérieur des planètes. Par exemple, nous pourrions étudier comment les planètes se refroidissent et pourquoi la Terre et Vénus ont un volcanisme actif, mais pas Mars. Les futures missions devraient pouvoir observer ces flux et ces changements à la surface et fournir des preuves concrètes de son activité.”
Dans un avenir proche, un certain nombre de missions se dirigeront vers Vénus pour en apprendre davantage sur son atmosphère et les conditions de sa surface. Il s’agit notamment de l’orbiteur indien Shukrayaan-1 et du vaisseau spatial russe Venera-D, qui sont actuellement en cours de développement et dont le lancement est prévu respectivement pour 2023 et 2026.
Ces missions, ainsi que d’autres (qui sont encore en phase de conception), tenteront de résoudre une fois pour toutes les mystères de la “planète sœur” de la Terre.
Et, ce faisant, elles pourraient révéler une chose ou deux sur la nôtre !